4. Interview avec Wave Bonardi et Julia Portier

 AVANT-PROPOS

La volonté de créer ce blog est parti d'un constat personnel (même si partagé par certain.es de mes collègues): il n'existe pas en Suisse romande, à mon sens, de véritable critique des arts de la scène. 

J'entends par là une critique qui ne cherche pas seulement à promouvoir tel ou tel spectacle ou à produire un compte rendu essentialiste et sommaire d'un objet scénique. Mais bien d'une critique qui cherche à repenser l'œuvre à laquelle elle a assisté et à reproduire des textes qui soient à la hauteur de la représentation. Critiquer une œuvre, pour moi, c'est donner à penser au lecteur.ice. C'est fournir un outil de réflexion intellectuel qui soit subjectif mais rigoureux dans sa subjectivité.

Ainsi, pour celles et ceux qui auront l'envie et la curiosité de me lire, je voudrais avant tout préciser quelques points concernant mes choix:

1. Mes critiques se concentreront sur des spectacles conçus en Suisse romande par des artistes établi.es dans la région. Il ne s'agit bien sûr pas d'être sectaire ou d'ignorer les artistes étrangers de passage en Suisse. Cette initiative part du triste constat que, très souvent, la Suisse ignore ses propres artistes, voire, dans certains cas, qu'elle les méprise. Il est important, selon moi, de rappeler que la région fourmille de personnes actives dans les milieux artistiques qui sont trop souvent ignorées. Sans artistes, il n'y a pas d'art. C'est une évidence, peut-être, mais à voir le nombre régulier d'articles consacrés aux directeur.ices de théâtres, musées, salles de concerts, il faut croire que ce n'en est pas une pour tout le monde. Ce qui m'en fait venir à mon deuxième point.
2. Dans la mesure du possible, et de mes connaissances, je tâcherai de rattacher certaines de mes critiques aux divers systèmes de production à l'œuvre actuellement dans le monde des arts de la scène. En effet, je pense qu'il peut parfois être pertinent de rappeler dans quelles conditions se produisent les spectacles auxquels nous assistons. Dans un milieu où de nombreuses créations sont jugées par des subventionneur.euses sur la seule base des intentions de leur auteur ou autrice, il est judicieux de rappeler que ce qui s'apparente à des choix artistiques peut souvent être le fruit d'une contrainte.
3. Produire un texte qui soit un minimum satisfaisant sur une œuvre scénique qu'on a vu qu'une seule fois est un exercice difficile. Pour ce faire, je tâcherai de me concentrer sur mon regard et de restituer ce que mes sens ont perçu. Je pense que, pour produire une critique digne de ce nom d'un objet scénique, il faut revenir à sa matière. Aussi, même s'il m'arrive parfois de consulter la feuille de salle pour un supplément d'informations, je préfère m'en tenir essentiellement à l'expérience de la représentation (et de toute façon la plupart des feuilles de salle sont écrites bien avant la création des spectacles). Il va de soi, également, que ce que je raconte ici est vécu à travers mon regard et, de ce fait, il est subjectif. Toutefois, je crois aux bénéfices de la subjectivité poussée dans ses derniers retranchements. Vous entendrez donc beaucoup parler de mes besoins en matière de théâtre, de danse, de performance. Ces besoins me regardent mais je crois important de les partager car ils peuvent en concerner d'autres que moi.

Bonne lecture,

Jeanne M.